Taya Shorokhodova & Lillah Vial / Cie OkO

J’aurais voulu vivre avec vous,
Dans une petite ville
Où règnent les ténèbres
Et sonnent sans cesse des cloches.
Et dans une petite auberge de campagne,
Une horloge ancienne sonne comme les gouttes du temps.
Et parfois d’une mansarde vient un son de flûte :
Le flûtiste paraît à la fenêtre,
Et il y a sur le rebord de grandes tulipes
Et peut-être même m’aimeriez-vous…

- Marina Tsvetaïeva

Que cela signifie-t-il de se retrouver étranger dans un autre pays, de vouloir garder en mémoire sa culture et la partager avec son entourage, de s’accrocher à sa langue natale de peur qu’elle ne disparaisse, de trouver sa place ici et là-bas, de trouver sa légitimité à incarner cette mixité culturelle ? D’éprouver ce sentiment de solitude, mais s’accrocher à l’amour coûte que coûte pour rêver toujours et encore ?

Ce projet est tout d’abord l’histoire d’une rencontre avec la poétesse russe Marina Tsvetaïeva, exilée en France dans les années 1920. L'exil en France est l'un de nos points communs. Un départ forcé, pas pour les mêmes raisons, mais qui nous a toutes les deux dépassées d’une manière ou d’une autre, et nous saute régulièrement au visage.

Par sa langue vive, tranchante et laconique, elle me touche profondément, et réveille cette nostalgie violente du pays et de la culture à laquelle j’appartiens. Marina Tsvetaïeva écrit les mots que je ne saurais pas dire. Ceux qui racontent l’amour, sa violence comme sa douceur. Ceux qui racontent l'exil, la solitude qui l'accompagne, mais aussi l'enivrement que la poétesse y trouve pour pouvoir respirer.